Allaitement et fertilité : un lien réel entre maternité et conception
L’allaitement maternel est un temps privilégié que vous partagez avec ce petit-être que vous avez mis au monde. C’est une prolongation du lien entre une mère et son enfant, tissé bien au-delà de la naissance. Mais c’est aussi, souvent, une période floue sur le plan hormonal. Que ce soit pour éviter de tomber enceinte directement après ce bébé, ou parce qu’on a envie d’avoir une deuxième grossesse rapidement, la question de la fertilité se pose quand on allaite. Naviguer entre le post-partum, le désir d’un nouvel enfant ou, au contraire, le besoin de mettre son corps au repos, demande de comprendre ce qui se joue biologiquement, émotionnellement, et intimement dans ce moment suspendu.
- 1 Que se passe-t-il dans le corps pendant l’allaitement ?
- 2 L’allaitement est-il une méthode contraceptive fiable ?
- 3 Quelles méthodes de contraception sont compatibles avec l’allaitement ?
- 4 Retour de la fertilité : un processus unique pour chaque femme
- 5 Allaitement et désir d’un nouvel enfant : un équilibre entre corps et choix personnel
- 6 Comment accompagner le retour de la fertilité en douceur ?
Que se passe-t-il dans le corps pendant l’allaitement ?
La prolactine, hormone clé pendant l’allaitement
Pendant l’allaitement, une hormone est hyper importante dans le processus : la prolactine. C’est elle qui stimule la production de lait. Mais elle a aussi un autre effet : elle inhibe l’ovulation.
Concrètement, tant que la prolactine est sécrétée en grande quantité ce qui est le cas lorsque bébé tète fréquemment, y compris la nuit le corps peut mettre en pause le cycle menstruel.
C’est un mécanisme ancestral, protecteur : il permet au corps de ne pas se lancer dans une nouvelle grossesse alors qu’il allaite encore un nourrisson.

Les cycles menstruels après l’accouchement
Le retour des règles, aussi appelé retour de couches, est très variable :
- Il peut survenir dès 6 à 8 semaines post-partum chez certaines femmes non allaitantes.
- Ou se faire attendre plusieurs mois, voire plus d’un an, chez celles qui allaitent à la demande.
Toutefois, un retour de règle ne veut pas forcément dire un retour de l’ovulation. Chez certaines femmes, les premiers cycles sont anovulatoires. Chez d’autres, la fertilité revient même sans saigner.
L’allaitement est-il une méthode contraceptive fiable ?
La méthode MAMA : ce que dit la science
L’allaitement peut, dans certaines conditions bien précises, jouer un rôle contraceptif naturel. C’est ce qu’on appelle la méthode MAMA (Méthode de l’Allaitement Maternel et de l’Aménorrhée).
Elle est reconnue par l’OMS comme efficace à plus de 95 % à condition que trois critères soient réunis simultanément :
- L’enfant est âgé de moins de 6 mois,
- Il est exclusivement allaité, c’est-à-dire sans aucun complément (ni biberon, ni solides),
- Les règles ne sont pas encore revenues (pas de saignements depuis plus de deux mois après le post-partum).
Dans ce cadre très spécifique, l’allaitement bloque naturellement l’ovulation grâce à la prolactine, qui est produite en grande quantité lorsque les tétées sont fréquentes et réparties sur 24 heures.

Les limites à connaître
La méthode MAMA reste une méthode naturelle, donc très sensible à la moindre variation. Son efficacité diminue dès qu’un des trois critères n’est plus rempli :
- Si bébé fait ses nuits ou espace ses tétées (plus de 6 heures sans téter la nuit, plus de 4 heures le jour),
- Si un complément de lait ou des aliments solides sont introduits,
- Ou si la mère constate un retour de ses règles (même léger).
Dans ces cas, l’ovulation peut reprendre sans signes visibles. Il est donc tout à fait possible de tomber enceinte avant même le retour des règles.
Il est important que les femmes soient informées de ces limites pour faire un choix contraceptif éclairé, surtout si une nouvelle grossesse n’est pas souhaitée à court terme.
Des méthodes de contraception complémentaires (comme une mini-pilule compatible avec l’allaitement) peuvent être envisagées avec un professionnel de santé.

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Quelles méthodes de contraception sont compatibles avec l’allaitement ?
Après un accouchement, il est tout à fait naturel de se poser des questions sur sa fertilité, surtout si on allaite. Même si l’allaitement exclusif peut retarder le retour des cycles, il ne constitue pas une protection contraceptive fiable à long terme.
Dès que l’un des critères de la méthode MAMA n’est plus rempli, il est important de réfléchir à une méthode de contraception adaptée à la nouvelle réalité du corps, sans nuire à l’allaitement.

Heureusement, plusieurs solutions existent, sûres et compatibles avec cette période si particulière.
1. La pilule progestative seule (microprogestative)
C’est l’une des options les plus couramment prescrites pendant l’allaitement. Contrairement à la pilule classique, elle ne contient pas d’œstrogènes, ce qui la rend sans impact sur la lactation.
Elle doit être prise tous les jours à la même heure pour conserver son efficacité. Si votre allaitement reste fréquent, elle permet une transition en douceur vers une contraception hormonale.

2. Le stérilet (DIU), hormonal ou au cuivre
Le DIU au cuivre est une excellente option sans hormones. Il agit localement et peut être posé dès 6 à 8 semaines après l’accouchement (selon avis médical). Il n’influence pas la production de lait et offre une protection de 5 à 10 ans selon le modèle.
Le DIU hormonal, quant à lui, diffuse une faible dose de progestatif dans l’utérus. Il est également compatible avec l’allaitement, avec un retour à la fertilité rapide après retrait.
3. L’implant contraceptif
Inséré sous la peau du bras, l’implant libère une hormone progestative sur plusieurs années (3 ans en général). Il est totalement compatible avec l’allaitement et très efficace.

C’est une option intéressante pour les femmes qui souhaitent une contraception sans y penser au quotidien.
4. L’injection contraceptive (progestatif retard)
Cette injection intramusculaire, administrée tous les 3 mois, est une autre option hormonale sans œstrogènes.
Elle est moins souvent utilisée en France mais reste compatible avec l’allaitement. Il faut savoir qu’elle peut retarder le retour à la fertilité après arrêt.

5. Les méthodes naturelles (avec prudence)
Certaines femmes préfèrent se tourner vers une contraception naturelle après l’accouchement, notamment par observation des cycles. Cependant, pendant l’allaitement, les cycles sont souvent irréguliers, rendant l’analyse des signes d’ovulation peu fiable.
Ces méthodes peuvent convenir, mais doivent être utilisées avec beaucoup de rigueur, idéalement en étant accompagnées par un professionnel formé.
Sachez d’ailleurs que dans tous les cas, vous pouvez continuer à tirer votre lait, que vous ayez ou non, une contraception.

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Retour de la fertilité : un processus unique pour chaque femme
Quels sont les symptômes de retour de couches ?
Pour identifier votre retour à la fertilité, vous pouvez être à l’écoute de votre corps et l’observer afin de savoir où vous en êtes dans votre rythme biologique. Vous pouvez par exemple regarder :
- l’augmentation de la glaire cervicale ;
- la sensibilité des seins différente de l’allaitement ;
- si vous avez un pic de libido ;
- si vous ressentez l’ovulation en identifiant les douleurs liées à votre cycle ;
- si vous avez des changement hormonaux. .
Chaque femme vit ce retour à sa manière, certaines le sentent, d’autres non. L’important, c’est de rester à l’écoute de son corps.

Pour vous guider dans l’ensemble de votre retour à la fertilité, vous pouvez consulter le site Reflet qui propose des programmes dédiés à la fertilité.
Variations selon l’intensité et la durée de l’allaitement
Plus l’allaitement est fréquent, long et à la demande, plus la fertilité est retardée même si ce n’est pas une règle absolue. Des femmes tombent enceintes alors qu’elles allaitent toujours exclusivement.
D’autres, même après un sevrage, attendent longtemps avant de retrouver des cycles fertiles.

Allaitement et désir d’un nouvel enfant : un équilibre entre corps et choix personnel
Parfois on peut avoir envie de retomber rapidement enceinte après notre grossesse et c’est dans normal de se poser des questions. De nombreuses choses entrent en compte quand il s’agît de retomber enceinte.
Il ne dépend pas uniquement de facteurs biologiques, mais aussi de l’état de fatigue, de la disponibilité mentale, du bien-être personnel et du projet de vie de chacune.

Fatigue, libido, équilibre hormonal : ce que vit le corps post-partum
Allaiter mobilise de l’énergie, modifie les rythmes de sommeil, et influence l’équilibre hormonal.
Pendant le post-partum, il est donc fréquent de ressentir une baisse de libido, liée notamment à la diminution des œstrogènes, ainsi qu’un besoin de retrouver de l’espace pour soi, physiquement et émotionnellement.
Le corps est encore en phase de récupération. Il est normal qu’il ne soit pas immédiatement prêt à envisager une nouvelle grossesse et c’est bien de s’en rendre compte sans culpabiliser.

Certaines femmes expriment une envie rapide de retomber enceintes, d’autres ressentent plutôt le besoin de prendre leur temps.
Pourtant, il arrive fréquemment qu’une pression sociale, familiale ou intérieure s’installe : celle de ne pas trop espacer les naissances, ou de correspondre à l’image idéale de la famille rapprochée.
Ces injonctions peuvent générer du stress ou une forme de confusion.
Le plus important est de pouvoir faire ce choix en conscience, en fonction de ses envies réelles, de ses capacités physiques et mentales, et non d’un calendrier dicté par l’extérieur. Il n’y a pas de bon ou de mauvais timing, seulement le vôtre.
Vous avez le droit de prioriser votre récupération, votre bien-être, votre intimité. Et si l’envie d’un nouvel enfant se manifeste, vous avez aussi le droit de l’accueillir, même si l’allaitement est encore en cours.
Chaque parcours est différent, et ce qui compte, c’est de se sentir alignée avec sa décision.

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Comment accompagner le retour de la fertilité en douceur ?
Après l’accouchement, le retour de la fertilité varie d’une femme à l’autre. Il dépend de nombreux facteurs : rythme de l’allaitement, niveau de fatigue, alimentation, état émotionnel et histoire hormonale.
Même si ce processus est en grande partie naturel, quelques repères peuvent aider à le soutenir de façon adaptée, sans forcer le corps.
Soutenir son corps avec une bonne hygiène de vie
Une alimentation équilibrée et variée permet de restaurer les réserves mobilisées pendant la grossesse et l’accouchement. En particulier, les apports en fer, acides gras essentiels, protéines, iode et vitamine D peuvent aider à stabiliser le système hormonal et favoriser la reprise des cycles.
Si vous souhaitez tomber enceinte à nouveau il est d’ailleurs clé de suivre une alimentation qui soutien la fertilité.
Le sommeil joue également un rôle important. Certes, il est souvent fragmenté avec un bébé, mais chaque période de repos compte. Le manque de sommeil perturbe l’équilibre hormonal, ce qui peut retarder l’ovulation.

Quand consulter pour un projet de bébé rapproché ?
Si vous avez un projet de grossesse rapprochée mais que vos cycles n’ont pas repris, un accompagnement médical peut être utile. Il est recommandé de consulter :
- si vous n’avez pas eu de retour de règles 6 à 12 mois après l’accouchement (selon que vous allaitez encore ou non) ;
- si vous avez déjà rencontré des difficultés de fertilité ;
- si vous souhaitez concevoir rapidement et vous assurer que tout fonctionne normalement.
Un professionnel de santé pourra évaluer votre situation de manière individualisée, prescrire un éventuel bilan hormonal ou gynécologique, et vous orienter vers les meilleures options pour favoriser une nouvelle grossesse en toute sécurité.
