Le sevrage de l’allaitement

Publié le 5 mars 2024
- Mieux vivre son post partum
- Allaitement

Révision scientifique

Dr Séverine Roos-Bernard, médecin généraliste spécialiste en allaitement

Sein, biberon, allaitement maternel à 100% ou mixte : les manières d’alimenter son bébé sont variées. Lorsqu’on donne du lait maternel à son enfant, la période de sevrage de l’allaitement représente une étape cruciale, tant pour la mère que pour son nourrisson.

Combien de temps est-il préconisé d’allaiter ?

Les recommandations officielles de l’OMS – l’Organisme Mondial de la Santé – établissent qu’il est bon d’alimenter le bébé au lait maternel jusqu’à 4 à 6 mois. Après cela, on passe à une alimentation mixte. On introduit progressivement de nouvelles catégories d’aliments sous forme de bouillies, compotes, yaourts, puis sous forme solide.

Toujours selon ces recommandations mondiales, le sevrage du lait peut quant à lui intervenir à partir de 2 ans et plus. Un flou demeure dans la durée concernée, comme ce « et plus » n’est pas à proprement défini. Gardons à l’esprit que le sevrage naturel de l’allaitement intervient généralement entre 1 an et demi et 3 ans.

La notion cardinale est l’écoute : s’écouter soi-même. Mais aussi, écouter les envies de son enfant, avec comme crédo que ces deux souhaits s’accordent.

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Allaitement et sevrage

Comment faire le sevrage de l’allaitement ?

Pour substituer le lait maternel à un lait artificiel, il est bon de mettre en place quelques astuces. Si le bébé a toujours tété au sein, il incombe de ne pas le perturber. Pour cela, rien de tel que d’introduire un biberon donné à l’horizontale. Et éventuellement rempli de lait maternel les premières fois, et ce toutes les 3 tétées par exemple. En augmentant progressivement la proportion de biberons par rapport à la mise au sein, la transition devrait se faire aisément.

Le choix du lait de substitution

Dans la période au cours de laquelle l’enfant reçoit un lait infantile, il s’agit de toujours le choisir adapté à son âge. Il se trouve en grandes surfaces ou en pharmacies. Les laits industriels en poudre sont segmentés en plusieurs catégories :

premier âge (de 0 à 6 mois)
second âge, aussi appelé lait de suite (de 6 à 12 mois)
troisième âge, qui court de 12 à 36 mois et qui correspond au lait de croissance.

Ceux-ci peuvent d’ailleurs être bio, avoir une composition qui régule le transit en cas de colique ou, à l’inverse, de constipation.

Comment faire si mon enfant boude le lait ?

En matière de lait, il y a les petits gloutons, et ceux pour qui l’appétence n’est pas vraiment au rendez-vous. Certains enfants peuvent effectivement se détourner du lait avant le sevrage. Le lait est surtout important car il est riche en calcium. Bien heureusement, pour pallier cette carence, il existe une multitude d’options.

Produits laitiers sous d’autres formes – fromages, yaourts, etc. – eaux particulièrement concentrées en calcium, et même légumes et algues sont vos alliés. Si tant est que les papilles de votre enfant ne mettront pas un véto sur des algues qui, avouons-le, sont un cran au-dessus des trop souvent désavoués brocolis.

Si vous souhaitez que votre bébé continue tout de même à bénéficier des bienfaits de votre lait maternel, vous pouvez aussi tirer votre lait à l’aide d’un tire-lait électrique ou manuel. Il s’agit ensuite de ruser et de trouver une forme que bébé accepte de prendre : flan, glace, pancake, gâteau… votre lait s’utilise en remplacement du lait classique et les possibilités sont infinies !

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Comment commencer la diversification alimentaire ?

C’est le moment de développer le palais de votre bambin. On ne vous promet pas que vous en ferez un mordu de légumes verts, mais ses goûts peuvent tout de même vous surprendre. Rappelons, à ce sujet, que les préférences gustatives de l’enfant prennent leur source dans le ventre de la maman. En effet, l’odorat est déjà sensible à ce que contient le liquide amiotique. Les récepteurs olfactifs sont en place dès la fin du premier trimestre et fonctionnels à compter du trimestre suivant.

Une étude, menée au sein de l’Université de Bourgogne, a montré que le fœtus manifeste une sensibilité aux odeurs et aux saveurs. Celle-ci est observable à partir de la 26ème semaine, voire de la 28ème, par des mouvements de déglutition, de succion, et des expression faciales. Preuve que goût sucré et amertume ne sont pas antinomiques, ce sont les deux saveurs qui l’emportent.

Ainsi, si la future maman consomme des épices par exemple, il est probable que son bébé soit plus enclin à un chili con carne qu’à un plat moins relevé. Olé !

Et si mon bébé est intolérant au lactose ?

L’allergie pure au lactose est rare mais elle peut être une raison pour intier un sevrage de l’allaitement. Pour autant, l’intolérance peut toucher davantage de nourrissons. Il incombe alors aux parents de se tourner vers des alternatives raisonnables afin de soulager l’enfant sans lui provoquer de carence.

Sur plus de 200 préparations lactées existantes, de nombreux laits hypoallergéniques sont proposés. Il y a ainsi l’embarras du choix dans le circuit dit classique. Désormais proposés dans des variantes au lait de chèvre, ou aux protéines végétales, notamment de riz, les laits infantiles s’adaptent aussi à certaines allergies.

Toutefois, ils supposent un encadrement plus spécifique, pour ne pas altérer la santé de l’enfant. A l’image des laits contenant du soja par exemple, en raison des phyto-œstrogènes qu’ils contiennent.

À l’instar des boissons végétales pour adulte, les boissons d’aspect laiteux à base d’amande, avoine, châtaigne ou noix de coco, sont appelées « lait » à tort. Attention donc à ne pas vous orienter vers une alternative qui ne correspondrait pas aux besoins nutritionnels primaires de l’enfant.

Comment savoir si bébé fait une intolérance au lactose ?

Enfin, avant de penser que votre bébé est allergique, écartez une hypothèse : une mauvaise digestion due à la température du lait. Moins anecdotique qu’il n’y paraît, réchauffer le lait pour qu’il ait la température du lait corporel permet à l’organisme de l’enfant de se délester de cette tâche.

Comme de rigueur, les règles d’hygiène prévalent. On ne conseille plus de stériliser les biberons si l’enfant est né à terme et en bonne santé. Mais simplement de bien le laver à l’eau chaude et au savon, ou alors au lave-vaisselle à 70°C avant usage. Si le lait est réchauffé, il doit être consommé dans la demi-heure, contre une heure pour le lait à température ambiante.