Anorexie et boulimie : comprendre les mécanismes
Anorexie et boulimie sont des maladies aux multiples facettes. Causes, modes d’expression et niveau de gravité diffèrent d’un cas à l’autre. Sans prétendre donner les clés pour solutionner ces troubles alimentaires souvent tenaces, voyons quels en sont les leitmotiv. Car mieux appréhender ces pathologies « sœurs », signifie aussi être davantage en mesure de briser la spirale infernale.
Un rapport faussé à son image
Touchant particulièrement les adolescentes, l’anorexie se déclare le plus souvent entre 14 et 17 ans. Selon l’Inserm, « environ 20% des jeunes filles adoptent des conduites de restriction et de jeûne à un moment de leur vie, mais seule une minorité d’entre elles deviennent anorexiques ».
Pour les jeunes filles, la transition de l’enfance vers l’âge adulte est délicate à assumer. Le physique change et l’acceptation de sa nouvelle morphologie est biaisée par une perception contextuelle.
Dès la puberté, les copines commencent en effet à se comparer, à la fois entre elles, et aux modèles féminins trompeurs qui s’exposent dans les magazines, sur les affiches, ou les réseaux sociaux.

Les photographies publicitaires retouchées doivent désormais en porter la mention. Quid toutefois des filtres embellisseurs, qui sont légion sur les applications mobiles.
Disposant d’un effet amincissant, ils conditionnent les jeunes filles en quête de repères à intégrer la minceur comme critère de beauté ultime.
Le raccourci « plus on est mince, plus on est belle » s’insinue ainsi dans les jeunes esprits. Et peut faire basculer les plus fragiles dans une obsession de la maigreur, censée les rendre encore plus belles que les jeunes filles minces.
Dans des cas graves, il existe des troubles du comportement alimentaire, dont l’anorexie, qui peut mener à un amaigrissement allant parfois jusqu’à l’hospitalisation.

Troubles mentaux du comportement alimentaire
Les symptômes de l’anorexie
Outre l’adolescence, on peut être concernée par l’anorexie à toutes les périodes de sa vie de femme.
Suite à un traumatisme personnel, un deuil difficile à surmonter, un épisode dépressif, une séparation, ou « simplement » parce qu’on n’est plus en harmonie avec son corps.
Si une femme cesse de s’alimenter comme elle le devrait, il s’agit de faire le distinguo entre des troubles passagers, pouvant se résorber comme ils sont venus, ou de savoir s’il y a lieu de s’inquiéter de la persistance de ces troubles.
Soulignons qu’au-delà de 5 ans d’anorexie ou de boulimie, le trouble est dit chronique.

Les symptômes de la boulimie
La boulimie résulte généralement des mêmes causes, mais ne se manifestera pas de la même manière.
Si le trait d’union entre anorexie et boulimie est un dysfonctionnement de la façon de s’alimenter et une perception physique altérée, cette seconde pathologie a ceci de différent et de pernicieux qu’elle peut entraîner une prise de poids.
En effet, a contrario de l’anorexie, ce trouble du comportement alimentaire ne repose pas sur une alimentation restrictive, mais excessive.
La patiente mange compulsivement, pas par plaisir gustatif, mais pour combler une sensation de vide telle qu’elle a besoin de « se remplir » jusqu’au débordement.

es vomissements sont le lot quotidien des boulimiques, qu’ils soient la réponse naturelle du corps à un effet de trop-plein, ou qu’ils soient provoqués par la boulimique elle-même.
Moins répandue et davantage tue que l’anorexie, la boulimie est tout aussi dévastatrice.
Les signaux d’alerte d’un trouble du comportement alimentaire
Qu’on parle d’anorexie ou de boulimie, ce sont des pathologies qui peuvent être longtemps passées sous silence, ou masquées par des stratagèmes.

Un mal-être profond
Le mal étant psychologique, l’imagination des victimes de troubles alimentaires est sans limite.
Souvent, l’entourage ne prend conscience de l’existence du problème que quand celui-ci est déjà installé et que la maigreur est manifeste.
Il est essentiel de ne pas culpabiliser de ne pas avoir su déceler ces pathologies particulièrement pernicieuses.

Des stratégies d’évitement
La patiente prétexte une intoxication alimentaire pour expliquer ses nausées, d’avoir déjà mangé alors qu’il n’en n’est rien, ou à l’inverse assure qu’elle mangera plus tard, mange comme si de rien n’était avant de prendre discrètement un laxatif.

La privation alimentaire
Toute la difficulté pour les parents ou les proches est d’être vigilants sur les signaux d’alerte potentiels des troubles du comportement alimentaire, sans braquer l’adolescente en situation de fragilité.
La privation alimentaire stricte que s’impose cette dernière va durer des mois, voire des années.
Ses conséquences ont un effet domino et il peut être bon de les prendre pour exemple quand on souhaite entamer le dialogue.
La perte de poids et les changements corporels
Le premier est la perte de poids, résultant de la diminution de masse musculaire et graisseuse. Cela entraîne bien-sûr une grande fatigue mais, aussi des maux plus sérieux, parmi lesquels l’arrêt des règles ou aménorrhée.
Au registre des autres symptômes on peut évoquer la fragilisation des ongles, le teint livide, les lèvres décolorées, les cernes qui se creusent, la chute de cheveux, ou même des dents dans les cas extrêmes… Autant d’arguments qui viennent contrer celui par lequel tout commence : vouloir être plus belle.

Quels traitements pour la boulimie et l’anorexie ?
Intégrer un centre de traitement des troubles
Peu à peu, la personne atteinte detroubles du comportement alimentaire se coupe du cercle social, renonce à certaines passions, à l’activité physique.
Lui faire intégrer un centre dédié au traitement des troubles dont elle souffre peut être une solution salutaire, afin de l’amener à réaliser le mal qu’elle se fait et de la sortir d’une routine malsaine.
Les thérapies alternatives comme la sophrologie, l’hypnose ou la méditation offrent aussi une piste complémentaire pour se reconnecter à soi.
Se reconnecter à soi et à son image
Attention à certaines pratiques artistiques ou sportives, où l’on peut vite basculer dans une extrême maigreur par la nécessité d’avoir un poids plume.

C’est notamment le cas des jockeys féminines, qui veulent être les plus légères possible pour que leur monture gagne en vélocité, mais aussi des ballerines ou, bien-sûr, des mannequins et des actrices.
Concernant cette dernière catégorie, ô combien inspirante pour certaines adolescentes, il est important de rappeler que lorsqu’une femme perd du poids pour un rôle, elle bénéficie d’un encadrement médical rigoureux et cela reste dangereux.
L’acteur Matthew McConaughey a ainsi marqué les esprits en mettant sa santé en jeu sur le tournage de Dallas Buyers Club film pour lequel il a perdu 25 kg de façon fulgurante et, brièvement, la vue.

Cette cécité brusque, mais heureusement réversible, a été causée par une carence d’apport en vitamine A. À la clé : un Oscar® pour sa prestation, mais aussi une belle frayeur.
Accompagnement au long cours
L’anorexie et la boulimie sont des maux insidieux puisque la victime subit la situation en se sentant prisonnière de ces troubles du comportement alimentaire.
Privé de ses nutriments et des apports vitaux essentiels, le corps, par définition, se dévitalise. Le suivi par un nutritionniste, et la prise en charge par un psychiatrie est indispensable.
On estime qu’environ la moitié des cas pris en charge guérissent.

Une fois que des signes d’amélioration apparaissent, il faut veiller à consolider les progrès et à procéder par paliers pour se réalimenter, afin d’opérer un retour à la normale progressif.
Retrouver un poids de forme ne peut pas se faire d’un claquement de doigt et l’important est de ne pas brusquer les choses.
Au regard de ces pathologies, l’expression « croquer la vie à pleines dents » a une résonnance toute particulière.
C’est bien cela vers quoi il s’agit de tendre, en gageant que patience et accompagnement solide permettent de rétablir un rapport sain à la nourriture, pour regoûter à la vie comme tout un chacun et de se libérer d’un trouble du comportement alimentaire